Trois versets semblent résumer, en quelques mots, l’expérience spirituelle de David, telle que le psaume 63 nous la fait connaître :
1°- MON ÂME A SOIF DE TOI !
Pour comprendre toute la portée, tout le sens que David attache à cette expression, il faut se souvenir qu’il était un Oriental, et qu’un Oriental comprend mieux qu’un Occidental la valeur du mot « soif ».
Pour nous, qu’est-ce que la soif ? Quelle expérience en avons-nous ? Un jour d’été, de grande chaleur, où nous avons ressenti une certaine gêne ; mais n’avions-nous pas en général, la possibilité de l’atténuer, presque immédiatement ? Pour peu d’entre nous, elle a été jusqu’à la douleur. Elle n’a jamais non plus représenté à nos yeux un péril. Nous n’avons jamais réellement craint de mourir par elle. Mais, pour un homme d’Orient, il en va tout différemment. La soif est pour lui un mot sinistre, évocateur de toutes sorte de drames. Il y a eu peut-être dans son entourage, des gens qui en sont morts ou qui ont failli en mourir. Il a dû entendre raconter, dès sa plus tendre enfance, des récits terribles de voyageurs égarés et que la soif a fait périr, après une épouvantable agonie. Lui-même doit prendre, quand il est en voyage, des précautions contre elle, car il sait que ses jours peuvent dépendre de la quantité d’eau qu’il a emportée ou des sources qu’il trouverait en chemin, en état ou non.
David connaissait tout cela, et d’une manière plus directe encore, quand il composait le psaume 63, puisqu’alors, il se trouvait dans le désert de Juda, désert dont il nous fait la description au verset 2 : « une terre aride, desséchée et sans eau. »
Ainsi, en employant le mot « soif », David ne se sert pas d’un mot banal ; mais il veut indiquer par cette expression : « Mon âme à soif de toi », qu’il a le besoin le plus ardent, le plus impérieux de Dieu. Il ne peut se passer de lui. En être éloigné, c’est souffrir, être torturé et comme être menacé de mort. Pas plus que son être physique ne peut longtemps être privé d’eau, pas davantage son âme ne peut l’être de Dieu. Loin du Seigneur, il est le plus misérable des hommes, une créature tourmentée, agonisante.
Et nous frères et sœurs, sommes-nous comme David ?
Cette question, je l’adresse, non à des incroyants mais a des croyants ! On peut en effet être converti, avoir fait certaines expériences, avoir demandé à Dieu et reçu de lui, savoir ce que c’est que d’être exaucé et en avoir une certaine reconnaissance, compter sur l’aide divine, prier, lire la bible avec un certain profit, posséder, en un mot, une vie religieuse, sans pourtant avoir véritablement la soif de Dieu, qui est encore autre chose.
Avoir soif de Dieu, c’est en effet compter plus que sur son secours ; c’est vouloir plus que ses bénédictions ; c’est ne pas tenir à ce que nous recevons de lui plus qu’à lui-même ; mais c’est le désirer lui-même ; c’est ressentir douloureusement qu’il n’a pas dans notre vie toute la place qu’il devrait avoir, réaliser que notre cœur est encore partagé, c’est le vouloir, lui, encore plus que ses dons : c’est, en un mot, aspirer à le connaître, comme Moïse pouvait le connaître, lui dont il nous est dit que Dieu s’entretenait avec lui.
Dans Exode 33/18, Moïse ira jusqu’à dire : « Fais-moi voir ta gloire ! ».
La présence, l’intimité divine, voilà ce après quoi David soupirait avec autant d’ardeur, tel un voyageur perdu dans le désert, qui soupire après une source d’eau.
2°- Et le résultat, c’est qu’il peut dire au verset 6 : MON ÂME EST RASSASIÉE !
Elle est pleinement satisfaite. A celui n’a ni soif, ni faim, boire ou manger n’apporte aucun plaisir, et même peut provoquer un certain écœurement. Mais au contraire, quand la soif est réelle, rien ne dépasse le soulagement éprouvé à boire, ne serait-ce que quelques gouttes d’eau !
L’âme qui n’a pas soif de Dieu, peut lui demander sa protection, des avantages matériels ; mais elle n’a aucune communion avec Dieu. C’est une chose qu’elle ne comprend pas et qui la laisse indifférente. Elle n’y a aucun goût. Mais, au contraire, pour l’âme qui a une vraie soif de Dieu, il n’y a rien de plus désirable et de plus magnifique. Elle est prête à tous les sacrifices pour goûter une communion réelle avec son Dieu. Elle donnerait tout pour cela. Aucun moment ne dépasse pour elle, ceux où elle éprouve la présence de son Créateur.
Et voici que ce besoin n’est jamais laissé par Dieu sans être merveilleusement assouvi. Ce fut l’expérience de David. Dieu n’est plus seulement alors celui qui accorde des bienfaits, si nombreux et si grands soient-ils, mais CELUI QUI SE DONNE LUI-MÊME, celui qui nous remplit et nous inonde de sa Sainte Présence, cette Présence qui seule nous rend heureux.
Et le résultat de tout ceci, ce sera la troisième expérience de David :
3°- MON ÂME S’ATTACHE A TOI…POUR TE SUIVRE !
Nous renversons souvent l’ordre des choses. Il nous sert à rien de parler de la consécration et de la rechercher avant d’avoir soif de Dieu. C’est une chose impossible, que nous nous attachions réellement à Dieu pour le suivre (ce qui veut dire jusque dans l’épreuve, la souffrance), tant que nous n’avons pas su ce que c’était que d’avoir soif de lui et d’avoir eu cette soif étanchée.
Avant d’aimer quelqu’un, il faut l’avoir vraiment connu, avoir eu contact avec lui.
Il y a là un ordre qui ne peut être renversé.
Demandons à avoir soif de Dieu en tout premier lieu dans nos prières, et les deux autres expériences que nous essayons si souvent de réaliser, mais en vain, découleront nécessairement, logiquement de la première enfin expérimentée.
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